La plus-value immobilière, c’est l’écart entre ce que tu as payé et ce que tu vas encaisser à la vente. Là où beaucoup perdent des centaines, voire des milliers d’euros, c’est sur la mauvaise gestion des travaux déductibles et des frais imputables. Entre ce qui relève de l’entretien (non déductible) et ce qui améliore ou agrandit le bien (déductible sous conditions), la frontière est nette. Une frontière qu’il faut respecter, documents à l’appui. Objectif simple : transformer une facture fiscale salée en montant raisonnable, sans bricoler la loi. Les règles ne sont pas là pour te piéger ; elles récompensent surtout les dossiers clairs, cohérents et bien documentés. Quand c’est carré, l’administration suit. Quand c’est flou, elle requalifie.
Concrètement, trois leviers s’additionnent pour réduire ta base imposable : majorer le prix d’acquisition (frais + travaux éligibles), appliquer les abattements de durée de détention, et activer les exonérations ciblées (résidence principale, cession modeste, dispositifs de construction en zones tendues si applicables en 2025). Le nerf de la guerre : des factures d’entreprises avec TVA, des travaux qui créent de la valeur (construction, reconstruction, agrandissement, amélioration) et l’absence de double déduction avec tes revenus fonciers. Dans les lignes qui suivent, tu vas repérer précisément ce qui passe, ce qui ne passe pas, et comment t’y prendre pour ne pas laisser d’argent sur la table.
En bref
- Travaux déductibles : construction, reconstruction, agrandissement, amélioration, rénovation énergétique, facturés par une entreprise avec TVA.
- Non déductible : entretien courant, réparations usuelles, matériaux achetés par toi, bricolage maison, dépenses déjà déduites des revenus fonciers.
- Calcul en 3 temps : majorer le prix d’acquisition (frais + travaux), déterminer la plus-value, appliquer les abattements de durée.
- Taux faciaux : 19 % d’IR + 17,2 % de prélèvements sociaux + éventuelle surtaxe 2–6 % au-delà de 50 000 € de plus-value imposable.
- Forfaits utiles : frais d’acquisition au forfait 7,5 % et, si détention > 5 ans et pas de justificatifs travaux, forfait 15 %.
- Exonérations : résidence principale, petite cession, détention ≥ 30 ans, cas spéciaux (bailleur social, zones tendues à conditions).
Plus-value immobilière : bases, calcul et abattements 2025
Avant de parler de vis et de chevilles, il faut poser le cadre fiscal. La plus-value immobilière correspond à la différence entre le prix de vente net (après déduction des frais de vente) et le prix d’acquisition (majoré des frais d’acquisition et des travaux éligibles). Si la différence est positive, elle est imposable, sauf exonération. Les taux faciaux sont simples : 19 % d’impôt sur le revenu, 17,2 % de prélèvements sociaux, et une surtaxe de 2 à 6 % si la plus-value imposable dépasse 50 000 €. Ce n’est qu’un point de départ : les abattements de durée viennent ensuite grignoter la base.
Sur le terrain, le calcul se déroule en trois gestes : d’abord, tu majores ton prix d’acquisition (frais d’achat réels ou forfait 7,5 %, plus travaux déductibles), ensuite tu calcules la plus-value brute, puis tu appliques les abattements selon la durée de détention (progressifs pour l’IR et les prélèvements sociaux). Un couple de vendeurs qui a rénové malin, gardé ses factures et dépassé les 10 ans de détention voit souvent la note réelle tomber très loin des 36,2 % affichés sur le papier.
- Étape 1 : regrouper les frais d’acquisition (réels ou forfait 7,5 %).
- Étape 2 : ajouter les travaux éligibles facturés par une entreprise avec TVA.
- Étape 3 : calculer la plus-value brute et appliquer les abattements de durée.
| Durée de détention | Abattement IR | Abattement prélèvements sociaux |
|---|---|---|
| ≤ 5 ans | 0 % | 0 % |
| 6 Ă 21 ans | 6 %/an | 1,65 %/an |
| 22e année | 4 % | 1,6 % |
| 23 à 30 ans | – | 9 %/an |
| ≥ 30 ans | 100 % | 100 % |
Pourquoi ces abattements existent ? Pour tenir compte du temps et de l’entretien supportés par le propriétaire. Plus tu détiens, plus la fiscalité s’allège, jusqu’à l’exonération totale au bout de 30 ans. Astuce fréquente : quand les factures de travaux ont été égarées mais que la détention dépasse 5 ans, le forfait 15 % sur le prix d’acquisition peut prendre le relais. Ce n’est pas toujours optimal, mais ça reste un bon filet de sécurité.
Plus-value immobilière : méthodes de calcul et pièges à éviter
Deux erreurs classiques coûtent cher : oublier d’intégrer les frais de vente (commission d’agence) dans le prix de vente net, et confondre entretien avec amélioration côté travaux. Un ravalement simple ou une peinture ne majorent pas la valeur, ils entretiennent le bien. À l’inverse, créer une salle de bains inexistante ou réaliser une surélévation change la donne. Pense aussi aux frais de voirie et réseaux (viabilisation, raccordement au tout-à -l’égout) : souvent oubliés, ils sont pourtant recevables s’ils sont facturés par une entreprise.
- À ne pas oublier : diagnostics obligatoires payés avant l’acte, honoraires d’architecte, frais de notaire.
- À vérifier : surtaxe sur la fraction de plus-value imposable > 50 000 €.
- À bannir : déduire des travaux déjà utilisés en revenus fonciers (double déduction refusée).
En bref : le bon sens d’artisan. Tout ce qui crée de la valeur ou du confort nouveau se défend ; ce qui maintient l’existant non. La suite détaille ce que tu peux réellement déduire.

Les travaux déductibles de la plus-value immobilière : liste complète et conditions
Impossible d’improviser : la déduction des travaux suit le Code général des impôts. Sont pris en compte ceux qui augmentent la valeur, créent une surface nouvelle ou apportent un confort inédit. Pas de ticket de caisse pour des matériaux achetés le week-end : il faut des factures d’entreprises avec TVA, payées par le vendeur avant l’acte authentique. Des décisions de cours administratives (Nantes, Lyon) ont confirmé la déductibilité de la viabilisation et des raccordements aux réseaux publics.
- Construction / reconstruction : travaux lourds modifiant la structure, démolition-reconstruction d’un mur porteur.
- Agrandissement : extension, surélévation, création d’une véranda isolée et chauffée.
- Amélioration : création d’une salle d’eau, installation d’un ascenseur, mise aux normes complètes.
- Rénovation énergétique : ITE, pompe à chaleur, panneaux solaires, ventilation performante.
- Voirie, réseaux, distribution : accès, branchements, compteur, tout-à -l’égout.
| Catégorie | Exemples concrets | Condition-clé |
|---|---|---|
| Construction / reconstruction | Reprise de structure, reconstruction d’un niveau | Entreprise + TVA, impact structurel |
| Agrandissement | Extension 20 m², surélévation d’un étage | Surface créée mesurable |
| Amélioration | Ascenseur, 2e salle de bains, cuisine dans logement nu | Confort nouveau avéré |
| Rénovation énergétique | Isolation par l’extérieur, PAC, solaire | Factures détaillées, performances précisées |
| Voirie & réseaux | Viabilisation, raccordements | Preuves de travaux extérieurs et accès |
Conditions de déduction : le tronc commun à respecter
Le fisc ne s’attarde pas sur les intentions, il regarde les pièces. Sans documents probants, rien ne passe. Et si des dépenses ont déjà été déduites des revenus fonciers, elles ne peuvent pas revenir ici : la règle anti-double déduction est stricte.
- Factures nominatives au nom du vendeur, TVA apparente, payées avant la vente.
- Travaux par une entreprise (artisan déclaré, société), pas de bricolage personnel.
- Nature des travaux : création de valeur, de surface, de confort.
- Pas déjà déduits des revenus fonciers les années précédentes.
- Traçabilité : devis, plans, photos, attestations (architecte/maître d’œuvre en cas de travaux lourds).
Exemple vécu : Nadia rachète une maison de 1975, crée une suite parentale et isole l’enveloppe par l’extérieur. Les factures détaillent la création d’une salle d’eau et l’ITE 14 cm. À la revente, ces montants majorent son prix d’achat. À l’inverse, la peinture de deux chambres n’entre pas dans la danse. Simple, logique, vérifiable.
Travaux non déductibles et exclusions : ce que le fisc refuse
Ce qui entretient sans améliorer n’est pas déductible. C’est la ligne jaune. Les réparations courantes (peinture, petite plomberie, remplacement à l’identique d’un carrelage), les matériaux achetés par toi, le DIY, et les dépenses déjà passées en revenus fonciers doivent rester hors calcul. Certains dispositifs (Censi-Bouvard, Scellier, Demessine, Malraux) accordent déjà un avantage fiscal ; inutile d’espérer une deuxième réduction via la plus-value : le cumul est interdit.
- Entretien courant : ravalement simple, peinture, ponçage de parquet.
- Remplacement à l’identique : chaudière par chaudière équivalente sans gain de performance notable.
- Frais de démolition isolés : non, sauf s’ils s’intègrent à une reconstruction/agrandissement.
- Dépenses déjà déduites en revenus fonciers : interdit, sous peine de requalification.
- Aides et crédits d’impôt : la déduction porte sur le coût net payé après subventions, pas sur le montant subventionné.
| Dépense | Statut | Motif | Alternative |
|---|---|---|---|
| Peinture intérieure | Non déductible | Entretien simple | Sans objet |
| Réfection toiture à l’identique | Non déductible | Réparation | Déductible en revenus fonciers si loué (sous conditions) |
| Remise aux normes électriques complète | Potentiellement déductible | Amélioration (jurisprudence) | Factures détaillées + attestation de conformité |
| Matériaux achetés en GSB | Non déductible | Pas de facture d’entreprise | Faire poser par une entreprise |
| Travaux en dispositif Malraux | Non déductible | Avantage déjà accordé | Conserver les justificatifs sur l’autre régime |
Cas limites : la logique du “confort nouveau”
Le fisc regarde la finalité. Changer toute une cuisine vieillotte n’est pas déductible si elle existait déjà et que l’implantation reste équivalente. En revanche, créer une cuisine dans un logement nu sans installation initiale, oui. Même idée pour une salle d’eau ajoutée où il n’y en avait pas. Côté démolition, isolée elle ne passe pas, mais englobée dans une reconstruction ou une extension, elle devient une étape normale du chantier et suit le sort de l’opération globale.
- Question à te poser : “Ai-je créé quelque chose qui n’existait pas, ou ai-je juste remis en état ?”
- Preuves à garder : anciens plans, photos avant/après, descriptifs techniques, attestation maître d’œuvre.
- Réflexe utile : viser une traçabilité digne d’un chantier public : ça rassure, ça passe.
Conclusion pratique de la section : si ça n’apporte pas de valeur mesurable ou de confort inédit, ça ne majorera pas ton prix d’acquisition. C’est direct, mais c’est ce qui évite les mauvaises surprises.
Optimiser la déduction des travaux et frais : méthodes, forfaits et justificatifs
Optimiser, ce n’est pas contourner. C’est cocher toutes les cases, calmement, et dans le bon ordre. Commence par rassembler tes actes notariés, tes frais d’acquisition (réels ou forfait 7,5 %), puis ton paquet de factures de travaux (TVA apparente, échéances réglées). Ajoute les frais de voirie et réseaux, souvent oubliés. Enfin, applique les abattements de durée. Simple, mais il faut être méthodique, comme pour un dallage : si la première rangée est droite, tout suit.
- Check documents : acte, frais d’agence, diagnostics payés avant acte, frais de notaire.
- Travaux : lister par catégorie (construction, agrandissement, amélioration, énergie).
- Forfaits : 7,5 % pour les frais d’acquisition si tu n’as pas les réels ; 15 % pour travaux si détention > 5 ans et pas de justificatifs.
- Cas 2025 : abattements exceptionnels locaux en zones tendues pour cessions destinées à construire (jusqu’à 70 % ou 85 % selon conditions). Vérifie l’éligibilité auprès du notaire.
- Traçabilité : regroupe preuves et range-les par rubrique pour sécuriser la déclaration.
| Catégorie de frais | Prise en compte | Exemples | Preuves requises |
|---|---|---|---|
| Frais d’acquisition | Réels ou forfait 7,5 % | Émoluments, droits d’enregistrement | Acte notarié, quittance |
| Frais de vente | Déduits du prix de vente net | Commission d’agence | Mandat, facture agence |
| Voirie & réseaux | Déductibles | Viabilisation, raccordements | Factures entreprise |
| Diagnostics | Intégrés si payés avant acte | DPE, amiante, termites | Factures, preuves de paiement |
| Travaux | Éligibles sous conditions | Amélioration, agrandissement | Factures TVA, attestations |
Routine gagnante pour sécuriser ton dossier
Chaque dépense doit répondre au triptyque : utile (création de valeur/confort), justifiée (facture entreprise), traçable (preuve de paiement). Pour des travaux lourds, une courte attestation d’architecte ou de maître d’œuvre vaut de l’or : elle acte l’impact sur la structure ou la valeur. Garde aussi des photos datées avant/après, c’est parlant en cas de contrôle.
- Garde-fou : n’insère aucune dépense déjà déduite de tes revenus fonciers.
- Astuce : si une subvention existe, conserve la preuve ; la déduction portera sur le coût net payé.
- Rappel : la TVA doit apparaître sur la facture ; sans TVA, pas de déduction.
À ce stade, tu peux passer à la pratique chiffrée. Un exemple vaut mieux qu’un grand discours.
Étude de cas chiffrée et checklists : vendre en réduisant au maximum l’imposition
Scénario réaliste : achat à 300 000 €, revente 420 000 € après 12 ans. Les frais d’acquisition réels s’élèvent à 22 000 €. Travaux déductibles : surélévation 40 000 € + isolation extérieure 15 000 €. Une peinture DIY à 2 500 € n’entre pas dans le calcul. Le prix d’acquisition corrigé devient 300 000 + 22 000 + 55 000 = 377 000 €. La plus-value brute est donc 420 000 – 377 000 = 43 000 €. Côté abattements (12 ans de détention) : pour l’IR : 6 % × 7 = 42 % d’abattement ; pour les prélèvements sociaux : 1,65 % × 7 = 11,55 %. Le résultat : une base imposable bien allégée.
- IR à 19 % appliqué sur la base après abattement.
- Prélèvements sociaux 17,2 % sur leur base spécifique après abattement.
- Surtaxe : non concernée ici car la fraction imposable ne dépasse pas 50 000 €.
| Élément | Montant / Taux | Commentaire |
|---|---|---|
| Prix d’acquisition | 300 000 € | Prix d’achat initial |
| Frais d’acquisition | 22 000 € | Réels (alternatif : forfait 7,5 %) |
| Travaux déductibles | 55 000 € | Surélévation + ITE (factures TVA) |
| Prix corrigé | 377 000 € | Majoration validée |
| Prix de vente | 420 000 € | Net vendeur |
| Plus-value brute | 43 000 € | Avant abattements |
| Abattement IR (42 %) | Base réduite | IR à 19 % sur base abattue |
| Abattement PS (11,55 %) | Base réduite | PS à 17,2 % sur base abattue |
Checklist express avant compromis
Avant de signer, fais un passage en revue comme sur un chantier avant coulage de dalle : tout doit être prêt.
- Factures travaux : nom du vendeur, TVA, paiement antérieur à l’acte, descriptifs précis.
- Dossier photos : avant / après, plans, note d’architecte si travaux lourds.
- Frais : notaire, agence, diagnostics (payés avant acte), voirie/réseaux.
- Durée : calcule l’abattement selon l’année de cession.
- Exonérations : résidence principale, petite cession (≤ 15 000 € ou 30 000 € pour un couple “acte en main”), détention ≥ 30 ans.
Variante utile : si tu vends en zone tendue à un opérateur qui construit du logement, un abattement exceptionnel peut s’appliquer (jusqu’à 70 % voire 85 % si location sociale, selon conditions locales en 2025). C’est technique, mais un notaire habitué au montage te dira très vite si tu coches les cases. En pratique, une fiscalité bien gérée devient une variable de ton prix de vente net, pas un coup de massue. Dernier mot d’artisan : un dossier propre vaut mieux qu’un discours. Et non, le scotch ne remplace pas un joint de dilatation.
Quels travaux puis-je déduire pour ma plus-value immobilière ?
Ceux qui augmentent la valeur, la surface ou le confort du bien : construction, reconstruction, agrandissement, amélioration, rénovation énergétique, ainsi que les frais de voirie et de raccordement. Ils doivent être facturés par une entreprise avec TVA et payés avant la vente.
Les travaux de peinture et d’entretien sont-ils déductibles ?
Non. L’entretien et les réparations courantes (peinture, remplacement à l’identique) ne majorent pas le prix d’acquisition. Ils peuvent parfois être déduits des revenus fonciers si le bien est loué, mais pas au titre de la plus-value.
Puis-je déduire des travaux déjà comptés dans mes revenus fonciers ?
Non. La double déduction est interdite. Une dépense utilisée pour réduire l’impôt sur les revenus fonciers ne peut pas revenir dans le calcul de la plus-value.
Et si j’ai perdu mes factures travaux ?
Si tu détiens le bien depuis plus de 5 ans, tu peux appliquer un forfait de 15 % du prix d’acquisition au titre des travaux. Ce n’est pas toujours optimal, mais c’est un filet de sécurité prévu par le CGI.
Quelles exonérations existent ?
La résidence principale est exonérée. Les cessions modestes (≤ 15 000 € ou 30 000 € pour un couple acte en main) et la détention d’au moins 30 ans entraînent une exonération totale. Des abattements exceptionnels peuvent exister localement pour la construction de logements.


